LL Cool J « Exit 13 » @@@½


Cela faisait des plombes que LL nous promettait que le prochain album sera « plus hip-hop ». À chaque fois depuis The GOAT, il nous radotait ce discours trompeur. Maintenant qu’il s’apprête à quitter Def Jam après 24 ans de bons et loyaux services avec Exit 13, son 13e disque, le pionnier du Queens se retrouve l’âme du passionné de hip-hop qu’il était dans sa jeunesse. Mieux vaut tard que jamais comme qui dirait. Oubliez les cures de rajeunissement chez les Neptunes ou Timbaland qui ont eu un effet placebo, de même que son coaching par 50 Cent, prévu pour être le producteur exécutif de cet album. Cette association médiatique annonçait une fin en catastrophe mais finalement, il n’y a pas eu de rapprochement avec le sergent-chef du G Unit (et fort heureusement d’ailleurs), si ce n’est pour chatouiller Jay-Z sur son fauteuil de président de Def Jam. Puis l’arrivée de Shakir Stewart au bureau de la direction artistique a visiblement recadré les choses. Pour son chant du cygne, LL Cool J a fait le bon choix, celui de la dignité et c’est plutôt bon signe. Hormis avoir choisi « Baby » feat The-Dream (et produit par son acolyte Tricky Stewart) comme premier single officiel.

Comme pour tenir sa promesse dans les derniers instants, Exit 13 ne contient que très peu de chansonnettes r&b, pour faire moins mainstream. Je concède entièrement le fait que Lady Loves Cool James doit préserver la réputation de lover qui fait son image de marque, même à 40 ans. « Baby », le banger hindou « I Fall In Love » et « Cry » servent d’attrape-jeunettes mais ce n’est pas un si mauvais titre à côté de « Mr President » (feat Wyclef) et « Like A Radio » (avec Ryan Leslie) qui sont particulièrement ratés. L’incursion Dirty South « Get Over Here » se laisse écouter, sans plus. Après avoir écrémé l’album, voici la trackliste idéale, c’est-à-dire ne gardant que les morceaux à thématique hip-hop (à une exception près) :

« It’s Time For War », pour bien commencer Exit 13. LL montre de quel bois il peut se chauffer ;

« Old School New School », très moyen pour un titre « all school » ;

« Feel My Heart Beat » feat 50 Cent au refrain uniquement (ouf), le résultat est pas mal ;

« You Better Watch Me », où lorsque un LL furieux se prend pour James Brown sur un beat terrible du légendaire Marley Marl ;

« Rocking With The G.O.A.T. », pour défendre son titre de ‘meilleur de tous les temps’ sur une prod de DJ Scratch ;

« This is Ring Tone Murder », une attaque verbale à l’ancienne avec une autre figure emblématique, Grandmaster Caz, sur un beat de Scratch à nouveau ;

« Ur Only a Customer », rien que pour son instru soulful et laid-back signée Dame Grease ;

« American Girl », histoire de garder un morceau entraînant pour les filles ;

« Speedin’ on the Highway/ Exit 13 » avec Funkmaster Flex, peut mieux faire ;

« Come Party With Me » feat Sheek Louch & Fat Joe (oh ! c’est Fifty qui va être ravi), un son rap dancefloor qui aurait pu être plus redoutable de part d’Illfonics (Mickey Factz, The Clipse);

« We Rollin’ », qui commence par « Sit back and relax », tranquille ;

« Dear Hip-Hop », peut-être l’une des déclarations la plus sérieuse de la carrière de LL, qui relate des souvenirs, des anecdotes et son implication dans la culture hip-hop. Avec une pique dissimulée envers Jay-Z et un hommage à Jam Master Jay. La production de Streetrunner mérite notre estime.

Quand on y pense, je me dis heureusement qu’il n’y a peu de coopération avec le G Unit, bien qu’une track de l’acabit de « Queens » feat Kool G Rap, Mobb Deep, Tony Yayo & 50 Cent aurait – à mon sens – parfaitement fait l’affaire au milieu de tout ça. LL Cool J est redevenu le MC sportif d’antan, avec des instrus d’époque qui vont avec. Il est de retour dans les blocks comme il le dit lui-même, remonté à bloc avec un style microphonique toujours aussi scolaire et des lyrics musclés aux punchlines pas très assassines. C’est tant mieux de le voir prouver son amour au Hip-Hop plutôt qu’aux femmes, ça fait vraiment plaisir de voir qu’il a enfin repris du poil de la bête, mais difficile de le prendre au sérieux après nous avoir fait patauger dans le miel ces dernières années. Il est là le problème avec lui.

Par ici la sortie. Exit 13 est assez bon, le meilleur qu’il ait réalisé ce millénaire, le plus hip-hop c’est sûr, qui occultera cette grossière auto-caricature que fut Todd Smith. LL Cool J est une icône has-been (malgré tout le respect qu’il mérite) qui s’en sort la tête haute. Ses exploits passés et son statut de légende vivante font sa grandeur. Def Jam Recordings pourra lui ériger une statue à son effigie. La boucle est bouclée.

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Jimbo dit :

    J’suis en parfaite accord avec l’article publié on a chacun notre opinion sur cet album. Il est certain qu’il y a certaine track qui sont moin fameuse mais en général c’est un album qui est dans l’ensemble agréable a écouter. Dommage q

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  2. J’ai bien aimé cet album !
    Même si on a quelque son à sonorité Rnb, LL nous a pas menti. C’est pas nan plus un skeud qui pue le Hip Hop ou la rue à plein nez mais y’a quand même des sons bien bien patates dont par exemple le terrible You Better Watch Me avec un hook des plus efficaces de cette année j’trouves.
    Y’a clairement des sons à zapper comme le morceau avec Ryan leslie mais on a un lot de bon sons aussi, j’penses qu’il faut se satisfaire avec ça malheureusement ca on en aura pas plus d’la part du vieux LL.

    J’donnerais un bon 14/20

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